Colbert, colbertisme, .. sur le patriotisme économique.

Publié le par DAN

 

Faut il attendre les crises, en payer le prix, pour admettre le rôle de l'Etat dans l'économie ?
Au mieux celà conduit à douter de l'intelligence de nos dirigeants, non pas de l'intelligence tacticienne, de cette capacité à faire feu de tout bois, mais de cette intelligence stratégique qui fait que Colbert nous reste connu aujourd'hui encore.
Une intelligence rare donc.

 



"Les péripéties Mittal-Arcelor, l'imbroglio Suez-Gaz de France, l'avenir d'Euronext ou des banques françaises ont remis à la mode le "patriotisme économique".
Manque de chance, il est caricaturé en protectionnisme arbitraire, en incantation ou en substitut de la ligne Maginot. Si l'on ne veut pas que l'économie française se dissolve dans la mondialisation, il est temps de penser et d'agir. Bref d'inventer une méthode.
Or Colbert peut nous aider. Parce qu'il a compris les enjeux d'une politique industrielle et que celle-ci ne pouvait exister sans un Etat fort, capable de créer des règles et des procédures favorables à l'expression de l'initiative industrielle.
Colbert doit nous servir de guide pour esquisser ce que serait, à l'heure de la mondialisation, une économie maîtrisée."
(l'éditeur)



 

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"Colbert ! Un nom qui a été tourné en caricature avec le mot « colbertisme », mot bien souvent trop hâtivement défini, réduit…
Convenons que Colbert a su donner son indépendance économique et financière à la France en un temps où notre situation n’était guère brillante. Quelques similitudes avec nos temps présents ?
Il peut faire sourire aujourd’hui mais n’aurions nous pas quelques raisons de méditer sur sa politique « industrielle » ? Ne fut-il pas l’inventeur des « Pôles d’excellence » ?
Oublions nous qu’il « débaucha » aux quatre coins de l’Europe les meilleurs ouvriers pour mettre en œuvre de nouvelles manufactures ?
Il créa l’Académie des sciences, l’Observatoire de Paris, l’Académie d’architecture et l’Académie des inscriptions et belles-lettres…
La forêt de Tronçais témoigne encore aujourd’hui de sa politique volontariste…
Colbert fut un grand homme de la Mer.
Homme non sans défaut il n’a pas usurpé sa devise :
« Pro rege, saepe, pro patria simper»
Dans son ouvrage sur Colbert, paru en 2006, Olivier Pastré un brin provocateur n’hésitait pas à lancer :
« Et si le protectionnisme n'était pas un gros mot; (...) si on cessait de considérer que la protection est, en toutes circonstances, une agression contre l'ordre impérial du libéralisme triomphant? »
A la mesure de la crise, cette « provocation » devrait nous inciter à de courageuses réflexions…
En son temps, Colbert initia :
« la politique commerciale la plus ambitieuse et la plus efficace dont la France de l'époque pouvait se doter ».
Comprendre que le rôle de l'Etat est d'impulser, de stimuler, de prévoir, d'organiser…
Inventer un interventionnisme « libéral » ? Quel Etat pourrait être un Etat stratège dont l'intervention sera « une arme et non un bouclier », aidant à l'émergence d'un tissu économique dynamique ?
Un Etat qui recouvrerait l’exacte mesure de ses missions et qui permettrait à ses plus grands serviteurs de pouvoir écrire :  «J'ai entendu dire que Vostre Majesté avait dépassé d'une somme considérable l'argent convenu pour le siège de Besançon. Je suis obligé de dire à Vostre Majesté que je ne pourrai pas la payer. Je la prie de considérer la misère de ses peuples et le mauvais estat des récoltes.» (Missive de Colbert Adressée à Louis XIV)
Ne serions nous pas capable de redécouvrir la «méthode Colbert» un pragmatisme qui se tient à égale distance des idéologies étatiste et libérale ?…"
Portemont, le 6 octobre 2008

Publié dans COLBERT

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